Après un article sur Nomads Surfing, nous continuons notre série de portraits avec La Recyclerie du Libournais.
Zoom sur c’est une série de portraits d’acteurs, agissant pour un monde de demain réfléchi et durable en lien avec la réduction des déchets et la lutte contre le gaspillage.
# 20 – Zoom sur La Recyclerie du Libournais – entretien avec Cédric Boussinot, fondateur.
Cédric, c’est un plaisir de pouvoir passer un peu de temps avec toi pour ce nouvel article Zoom de cette rentrée, consacrée à un acteur de la seconde main dans le Libournais : La Recyclerie du Libournais.
Tout d’abord, pour débuter l’article, pourrais-tu nous parler des débuts de la boutique ? Quand la boutique a-t-elle été créée, à la suite de quel déclic, de quel constat ?
Avant de créer la recyclerie, j’ai voulu créer une page Facebook sur la manière dont les personnes traitaient leurs objets en fin de vie, à savoir si ces objets étaient jetés, donnés, ou vendus car en déchetterie je me rendais compte qu’il y avait trop d’objets encore réutilisables qui finissaient à la benne. La page s’appelait Eco Recyclage Libourne et elle a connu un vif intérêt des Libournais car en une semaine nous avions plus de 600 followers. J’ai été contacté par le lycée Max Linder de Libourne pour récupérer des tours d’ordinateurs et c’est à partir de ce moment que j’ai créé l’association.
Et quel étaient les objectifs de la boutique à sa création ?
Au tout début il n’y avait pas d’objectif précis. Une fois que j’avais trouvé un local, je voulais juste créer un lieu de vie autour du recyclage et de la lutte contre le gaspillage. Aujourd’hui cet objectif est atteint car la recyclerie travaille avec des jeunes en situation de handicap grace à un partenariat avec l’association rénovation rive droite Ditep.
Concrètement, que pouvons-nous retrouver et acheter comme articles dans ce superbe lieu ?
Vous pouvez y trouver de tout, des meubles, de la déco, de la vaisselle, des créations et pleins d’autres merveilles, des occasions comme du neuf.
Et quels sont les différents avantages que tu évoquerais, si quelqu’un te demander « pourquoi acheter de seconde main, pourquoi acheter chez vous ? »
Tout d’abord, tous les objets récupérés étaient destinés pour la déchetterie, donc grâce à nous, nous leur prolongeons leur durée de vie : non pas qu’ils étaient HS mais surtout que les personnes n’en voulaient plus simplement.
Nous réparons également quelques articles neufs ou d’occasion et qui seront revendus à moins 50 % ou encore moins chers.
Pourquoi acheter chez nous… pour pleins de raisons : pour faire des économies, pour soutenir nos associations (notre association et le Ditep), pour lutter contre la surproduction et la surconsommation, pour l’environnement, etc…
Aurais-tu des chiffres à nous indiquer : les quantités d’objets qui ont évités de finir en déchets, par exemple, ou encore les quantités d’objets qui ont permis de ne pas être achetés neufs, grâce à ta structure ?
Étant une structure assez petite, nous collectons environs 2 à 3 tonnes par mois. Nous générons que peu de déchets car ce qui est HS part au démantèlement et les articles invendus sont donnés lors de journée de gratuité.
Et as-tu rencontré ou rencontres-tu toujours des difficultés ou des freins dans ton action au quotidien ? Si oui, quelles sont-ils ? Si cet article peut les mettre en avant et aider, n’hésitons-pas !
A l’heure d’aujourd’hui il est plus difficile de trouver des objets car avec la crise économique, les apports se font moins nombreux. Les personnes essaient d’abord de vendre avant de donner (ce que nous ne ressentions pas avant le COVID).
Nous avions aussi dans le passé un box réemploi réservé pour les associations au sein de la déchetterie mais cette dernière a décidé d’ouvrir ce box à tout le monde, donc encore moins de matière pour notre association.
Une question qui arrive assez rapidement, quand on parle d’articles ayant un plus faible impact environnemental, est le coût, voire le surcoût de l’article. Aurais-tu des éléments sur cela, des exemples de différence de coût entre un article neuf et le même dans ta boutique ?
Malheureusement nous sommes dans une société où si tu ne consommes pas, tu n’es pas reconnu et malgré le fait que les mentalités changent, pour certains acheter des articles recyclés, d’occasion, les effrayent.
Et pourtant nos produits sont révisés, testés, nettoyés, garantis pour certains et à des tarifs bien plus attractifs qu’en neufs ou que sur des plateformes de 2ème main.
Et comment récupères-tu les objets revendus ? Par quel biais ?
Nous le récupérons auprès des particuliers ou des professionnels.
Et peux-tu nous en dire plus sur la fin de vie d’objets qui ne seraient pas fonctionnels ? Les répares-tu ? Si non, qu’en fais-tu ? As-tu un partenariat avec d’autres structures ?
Oui certains objets sont réparés dans nos ateliers par les jeunes du Ditep et leur éducateur technique. Nous avons un bénévole qui nous répare tout ce qui est informatique et je m’occupe de tout ce qui est hifi.
Nous attendons la réponse d’une autre association pour récupérer notre électronique HS.
Et quels sont les soutiens, partenaires publics ou privés, de La Recyclerie du Libournais ?
Aucun.
Justement, en parlant de soutien. Je suis citoyen(n)e et consom’acteur, découvre ta structure et souhaite t’apporter mon soutien. Comment et que puis-je faire concrètement pour vous aider ?
Effectivement le bouche à oreille est la meilleure des pubs, le fait de partager nos publications Facebook aussi.
Nous conseillons également de venir nous voir avant d’aller en déchetterie qui est juste à coté afin que l’on puisse récupérer plus de matière.
Les professionnels devraient penser plus souvent à nous car nos services sont gratuits et cela leur économise sur leur traitement de leurs déchets.
Cédric, tu es au quotidien dans l’écoute du besoin, la limitation de nos impacts environnementaux et dans la pédagogie. Si tu n’en avais qu’un, quel serait ton rêve ?
Malheureusement je n’en ai pas qu’un seul, mais celui qui me touche personnellement, car à la base je suis moniteur de plongée, c’est de lutter contre la pollution des fonds marins.
Et je pense que pour agir, il faut limiter la production donc la consommation et mettre en place plus de solutions sur le traitement de nos déchets et ne pas limiter voire bloquer l’accès aux déchetteries car nous nous retrouvons avec encore plus de déchets dans la nature et finalement dans nos océans.
Cédric, un grand merci pour ce moment d’échanges très intéressants, et bravo à toutes les personnes gravitant et aidant, de près comme de loin, à ta boutique.
Un mot pour conclure ?
J’espère que notre démarche pourra servir d’exemple, de base pour d’autres projets afin que les générations futures gèrent tout cela mieux que nous et elles le feront mieux car elles sont ingénieuses, pleines de bonnes idées et savent déjà, et dès leurs plus jeunes âges, les bienfaits de consommer différemment, de recycler et de prendre soin de notre belle planète bleue.
Pour plus d’infos, retrouvez-les sur :
Propos recueillis par Cédric LOY, Zero Waste Bordeaux