Après un article sur Envie Gironde, nous continuons notre série de portraits avec Ikos Bordeaux, collectif regroupant 9 acteurs incontournables du réemploi et proposant depuis quelques mois une boutique en plein coeur de Bordeaux.
#Zoom sur c’est une série de portraits d’acteurs, agissant pour un monde de demain réfléchi et durable en lien avec la réduction des déchets et la lutte contre le gaspillage. 

# 15 – Zoom sur IKOS Bordeaux – entretien avec Marion Besse, Directrice

Marion, merci beaucoup d’avoir répondu présente à ma sollicitation pour ce nouvel article Zoom de fin d’année, en amont des fêtes, consacré à un acteur important dans Bordeaux Métropole dans le réemploi et la réparation solidaire.

Partons de la naissance. IKOS est un collectif de structures de l’ESS, c’est ça ? Comment et quand s’est-il monté et pourquoi ?

C’est en juillet 2017 que notre collectif est né, avec ses 5 membres fondateurs (Le Relais Gironde, ATELIER D’éco SOLIDAIRE, R3, LeLivreVert, Compagnons Bâtisseurs Nouvelle Aquitaine). Nous étions mus par un besoin pressant d’adapter nos locaux aux réalités de nos activités. En effet, malgré les différentes politiques de prévention des déchets, et la récente baisse du ratio kg/habitant, la population elle, continue d’augmenter, donc les quantités de déchets aussi. Ceci, associé aux consignes de tri de mieux en mieux appropriées par les citoyens, fait que les quantités arrivant dans nos structures ne cessent d’augmenter. Il faut ajouter à cela le fait que le foncier sur la métropole de Bordeaux est difficilement accessible aux structures de l’ESS, qui acceptent souvent des locaux inadaptés car leur critère de choix principal est le prix. Ainsi elles évoluent dans des conditions dégradées, ce qui peut également freiner leur développement en faveur de la solidarité.

En parallèle, nous pressentions que le paysage du réemploi en France était sur le point d’évoluer de façon importante, et nous souhaitions que l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) y ait toute sa place.

Alors nous avons commencé à imaginer ïkos ! Ce fut de nombreuses sessions de travail qui ont abouti dès 2017 à la proposition faite à Bordeaux Métropole de créer un village du réemploi solidaire. En 2018, nous avons créé une association, et en 2020 nous avons agrandi le collectif avec 4 nouveaux membres (Envie Gironde, Recyclerie Sportive de Bordeaux, Échange Nord Sud, Eco-Agir).

Donc concrètement, quelles offres propose IKOS ?

Le village du réemploi solidaire consiste à réunir en un même lieu les acteurs du réemploi solidaire afin d’accroitre leur visibilité et d’amplifier leurs impacts positifs sur le territoire. On y trouvera toutes les activités nécessaires au réemploi solidaire : la sensibilisation, la collecte, le tri, la transformation, la réparation, la vente, et l’insertion.

Concrètement il y aura :

  • un point d’apport volontaire pour que chacun dépose les objets dont il n’a plus l’usage,
  • des centres de tri,
  • une recyclerie créative et une cuisine anti-gaspi, qui traiteront les objets et ouvriront leurs portes pour montrer l’envers du décors,
  • une galerie marchande du réemploi solidaire qui proposera une offre globale d’objets du quotidien pour l’équipement des particuliers,
  • une programmation évènementielle tout au long de l’année pour sensibiliser les consommateurs et favoriser le lien social, enfin,
  • des activités de recherche et développement pour favoriser l’allongement de la durée de  vie de nos objets.

IKOS Bordeaux est décrit comme un village pour la nouvelle vie des objets. De quels types d’objets parlons-nous ?

Tous nos objets du quotidien ! L’habillement (vêtements, chaussures, accessoires), les équipements ménagers (linge de maison, électroménager), le mobilier, la déco, les livres et autres produits culturels (CD, DVD, vinyles, jeux de société), les jouets, les équipements sportifs, les conserves de fruits et légumes, l’électronique (téléphones, ordinateurs, image & son), etc.

IKOS est donc un projet de grande ampleur. On voit également sur le site internet qu’une boutique est déjà présente. Tu peux nous en dire plus sur sa localisation et ce qu’on y trouve ?

Oui ! Nous avons eu l’opportunité de nous installer au sein de la Promenade Sainte-Catherine, dans l’hypercentre de Bordeaux en mai 2022. C’est pour nous l’occasion de préfigurer en plus petit ce que sera la galerie marchande au sein du village du réemploi solidaire. On peut y trouver des vêtements, chaussures et accessoires de Le Relais Gironde, des livres, CD, DVD, vinyles et jeux de société de LeLivreVert, des meubles et objets de déco d’ATELIER D’éco SOLIDAIRE, de l’électroménager et électronique d’Envie Gironde, des équipements sportifs de Recyclerie Sportive de Bordeaux, des jouets de Replay (qui est la marque d’Eco-Agir), des confitures et objets d’artisanat d’Échange Nord Sud. Nous sommes ouverts du lundi au samedi de 10h à 20h et les dimanches et jours fériés de 13h à 19h. On peut accéder directement à la boutique par l’entrée de la Promenade Sainte-Catherine située rue de la Porte Dijeaux.

En pleine période de Noël – mais la question reste valable pour toute l’année – peux-tu nous dire pourquoi acheter un bien chez un des acteurs d’IKOS plutôt que l’acheter neuf ?

Pour de nombreuses raisons ! Acheter réemploi solidaire, c’est faire des économies (si on n’achète pas 10 fois plus d’objets évidement), c’est faire un geste pour la planète (moins de consommations de ressources naturelles, d’énergie, de transport, de déchets), c’est entrer dans la famille des personnes qui agissent (et c’est réjouissant !), c’est être solidaire et permettre à des personnes éloignées de l’emploi d’avoir une activité et d’être accompagnées, c’est pouvoir accéder à des produits parfois inaccessibles (les pépites !) et se démarquer (avec des objets uniques).

Justement, aurais-tu un ordre d’idée à nous communiquer sur les quantités (poids ou volume) d’objets de seconde main réparés et vendus et sur les impacts évités ?

Au sein de notre boutique, 73 000 objets ont déjà trouvé une nouvelle vie. Et on estime à 90 000 le nombre de visiteurs, soit autant de personnes qui ont pu être sensibilisées au réemploi solidaire.

En 2021, les membres du collectif ont traité au global près de 9 000 tonnes d’objets délaissés, dont en moyenne plus de 30% ont été réemployés (le taux de réemploi varie de 15 à 95% selon les filières), et le reste recyclé. Ce sont plus de 200 emplois qui ont pu être créés sur les métiers de la nouvelle vie des objets (personnel de collecte, de tri, de sensibilisation, valoristes, conseillers de vente, réparateurs, artisans upcycling, etc). La moitié de ces emplois sont des emplois d’insertion.

Dans le cadre du village du réemploi solidaire, ce sera plus de 13 000 tonnes qui pourront être traitées par les membres du collectif, ce qui permettra la création de 100 emplois supplémentaires.

Dans le projet global d’IKOS et/ou dans celui de la boutique, pourrais-tu nous partager des difficultés ou des freins rencontrés ?

Le projet du village du réemploi solidaire est ambitieux. Il nécessite de réunir des financements conséquents et de mobiliser tous les acteurs publics et privés. C’est assez nouveau pour nos interlocuteurs de voir arriver des projets de cette taille portés par des acteurs de l’ESS, cela peut faire peur et les dispositifs de financement ne sont pas toujours adaptés. Nous nous situons également dans un contexte législatif transitoire avec la mise en place progressive des différentes filières à Responsabilité élargie du producteur (REP). Ce sont des dispositifs particuliers d’organisation de la prévention et de la gestion de déchets qui concernent certains types de produits. Ces dispositifs reposent sur le principe de responsabilité élargie du producteur, selon lequel les producteurs, c’est-à-dire les personnes responsables de la mise sur le marché de certains produits, peuvent être rendus responsables de financer ou d’organiser la prévention et la gestion des déchets issus de ces produits en fin de vie. Ces dispositifs sont sensés prendre le relais de l’État dans le financement de structures comme les nôtres, qui gèrent la fin de vie des objets, mais elles ne sont actuellement pas prêtes pour financer des projets d’investissement multi-filières comme le nôtre. Nous ne sommes donc pas encore en mesure de boucler le financement du village du réemploi solidaire.

A l’inverse, aurais-tu une pépite, un point de satisfaction à nous partager ?

La pépite c’est la boutique ! C’est le symbole de notre projet et la démonstration de notre capacité à coopérer. C’est une expérience réussie, bien accueillie par les consommateurs.

Et des perspectives d’évolution du projet sont-elles déjà prévues ?

Pas encore !

Parlons de l’emploi. Actuellement et dans le futur, que représentent IKOS et ses acteurs, sur l’emploi et les emplois solidaires ?

J’en parlais un peu plus tôt justement.

Et quels sont les soutiens, partenaires publics ou privés, du projet IKOS ?

Nos soutiens sont nombreux, ce qui nous motive énormément : la Ville de Bordeaux, Bordeaux Métropole, le Département de la Gironde, la Région Nouvelle-Aquitaine, les services de l’État (préfecture de la Gironde, préfecture de la Région Nouvelle Aquitaine), l’Ademe, le ministère de l’Économie, la Banque des territoires, la Fondation de France, la Fondation Crédit Coopératif, l’éco-organisme Valdelia, France Active, l’Apesa, la fondation Artelia.

Justement, en parlant de soutien. Je suis citoyen(n)e de Nouvelle-Aquitaine ou, plus largement, du territoire Français, découvre le projet IKOS et souhaite vous apporter mon soutien, comment et que puis-je faire concrètement pour vous aider?

De façon générale, tous les citoyens peuvent soutenir le réemploi solidaire en favorisant le don à une structure de l’ESS proche de chez eux, et en consommant réemploi solidaire ! C’est la meilleure façon de nous soutenir, de favoriser la création d’emplois locaux non délocalisables pour des personnes qui en sont éloignées, et de protéger la planète.

Une autre façon de soutenir plus particulièrement ïkos est de signer l’appel à soutien sur notre site internet, il recueille déjà plus de 1500 signatures ! https://ikos-bordeaux.fr/#soutien

Marion, tu es au quotidien dans la solidarité, le désir de faire mieux avec moins. Si tu n’en avais qu’un, quel serait ton rêve ?

Je rêve d’une société qui protège toutes les formes de vie sur Terre 😉

Marion, un grand merci pour ce riche moment de partage, et bravo à l’ensemble des acteurs de ce fabuleux projet IKOS. Un mot pour conclure ? 

Je vous remercie de mettre ïkos sous vos projecteurs, et je donne rendez-vous à vos lecteurs à la boutique pour les derniers achats solidaires de Noël !

Pour plus d’infos, retrouvez-les sur : 

https://ikos-bordeaux.fr/
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Propos recueillis par Cédric LOY, Zero Waste Bordeaux